
Lean Construction & Last Planner System (LPS)
Dans un secteur du BTP souvent confronté aux retards, aux dépassements de budget et à une coordination difficile entre les intervenants, le Lean Construction émerge comme une réponse structurée et pragmatique. Inspiré des principes du Lean Management, il vise à créer de la valeur pour le client final, tout en réduisant les gaspillages sur les chantiers.
Au cœur de cette démarche, le Last Planner System (LPS) est un outil collaboratif de planification qui transforme la manière dont les travaux sont organisés et exécutés, en favorisant l’engagement des acteurs terrain, la fiabilité des délais et la maîtrise du flux de production.
Qu’est-ce que le Last Planner System ?
Le Last Planner System, développé par la Lean Construction Institute, est une méthode de planification à plusieurs niveaux qui permet de replacer la planification à court terme entre les mains de ceux qui exécutent réellement le travail (chefs de chantier, sous-traitants, coordinateurs…).
Contrairement à la planification traditionnelle descendante (top-down), le LPS s’appuie sur une approche collaborative, dynamique et visuelle de la planification. Elle se décline en plusieurs niveaux :
- Master Planning – Planification globale du projet (macro).
- Phase Planning – Planification par phases ou jalons (meso).
- Look Ahead Planning (planification anticipée) – Identification des contraintes sur 3 à 6 semaines.
- Weekly Work Planning – Planification hebdomadaire par les “last planners”.
- Daily Huddles / Mesure de la fiabilité (PPC) – Suivi quotidien et évaluation des engagements.
Une approche collaborative, dynamique et visuelle
Le Last Planner System repose sur une planification collaborative, où les intervenants terrain (chefs de chantier, sous-traitants…) s’engagent sur des tâches réalistes qu’ils sont capables d’exécuter. Cette méthode favorise la responsabilisation collective et réduit les conflits liés aux dépendances mal anticipées.
Le système est aussi dynamique, car il s’ajuste en temps réel selon l’avancement du chantier : on planifie par phase, on anticipe les contraintes à 6 semaines, on ajuste chaque semaine, et on pilote chaque jour.
Enfin, le LPS est visuel : il s’appuie sur des tableaux muraux, des post-its codifiés, des indicateurs simples comme le PPC, et des routines quotidiennes sur site. Cela permet à tous les acteurs, même non techniciens, de visualiser l’état d’avancement et d’aligner leurs actions.
Étapes pratiques pour mettre en place un LPS sur un chantier
1 – Former les équipes et sensibiliser à la culture Lean
➤ Le succès du LPS dépend d’un langage commun, d’un leadership fort et d’une confiance partagée.
2 – Organiser les revues de planification par phase (pull planning)
➤ Utiliser le “planning inversé” : partir de la date d’objectif (ex. livraison) et faire travailler les équipes à rebours pour définir les séquences.
3 – Mettre en place un planning d’anticipation (Look Ahead)
➤ Identifier toutes les contraintes (documents, accès, approvisionnements) et résoudre les obstacles avant qu’ils ne deviennent bloquants.
4 – Tenir des réunions hebdomadaires avec les Last Planners
➤ Chaque acteur s’engage sur les tâches qu’il est en capacité de réaliser. Le plan n’est pas imposé, il est négocié.
5 – Suivre les engagements avec des indicateurs simples
➤ PPC, causes de non-réalisation, taux de contraintes levées, etc.
6 – Animer des “huddles” quotidiens pour ajuster en temps réel
➤ Réunions courtes sur chantier pour adapter les plans aux réalités du jour.
Dans un secteur où 80 % des projets subissent des retards ou dépassements, le LPS est bien plus qu’une méthode : c’est un changement de paradigme, centré sur la coordination réelle et l’intelligence collective.